L’ANTICHAMBRE

 

Jean Philippe, c’est un brave homme, la quarantaine, svelte, sportif, doué d’une bonne intelligence. Il réfléchit plus vite que son ombre, parait-il. Cependant, ce jeudi soir de novembre, il n’a pas vu venir l’accident. Le soir tombait à peine, il pleuvinait et sa voiture s’est déportée sur la gauche et il a fini sa course dans un camion chargé de betteraves. Sa voiture s’est encastrée dans l’avant du camion et il sombra dans un profond coma.

Lorsque les secours sont arrivés, il était toujours coincé, inconscient dans son véhicule. Après sa désincarcération, il fut emmené au Centre Hospitalier où son état fut jugé très grave.

Cela faisait cinq jours qu’il se trouvait en réanimation  aux urgences et qu’enfin il reprit conscience.

Mais il ne comprenait pas où il se trouvait. Il se souvenait à peine de l’accident, se demandant ce qu’il lui était arrivé.

Il regarda autour de lui. Il était seul dans une petite pièce. Debout, au milieu. Il n’y avait ni porte ni fenêtre.

- Mais où suis-je donc atterri ? Se posait-il la question.

Il tournait sur lui-même, mais ne voyait que des murs blancs, levant les yeux, il vit le plafond identique, baisant les yeux, le sol l’était également.

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La lumière s’éteignit de nouveau et le silence s’installa lui aussi. Puis un homme apparu après le retour de la lumière.

- Qu’est-ce que vous faites ici ? Et pourquoi on m’envoie ici ? Dit-il d’une voix sèche et dure.

Mylène ne dit mot. Jean le dévisagea et Jean Phi tentait de percevoir le métier de cet homme. Pas facile, mais il avait le temps.

- Ma tête vous revient pas ? Renvoie-t-il à Jean en se dirigeant vers lui.

- Si, si ! J’ai la vague impression de vous connaître.

- Et, alors ! Je vous demande l’heure qu’il est.

Instinctivement, Jean releva sa manche, Jean-Phi en fit tout autant, quand à Mylène, elle fixa le mur devant elle dans l’espoir d’y voir une horloge

-C’est incroyable ça, dit Jean-Phi, nous n’avions pas encore pensé à l’heure qu’il peut être. Peut-être en avez-vous une idée Monsieur … Comment déjà !

- Je ne l’ai pas dit. Je m’appelle Serge et il doit être… Regardant son bras, j’en sais rien. On a dû me piquer ma montre. Vous n’en avez pas non plus.

- Non ! On n’en a peut-être pas besoin ici

- Vous foutez pas de ….

 

Trop tard, il fit noir. Et rien ne se passe … sauf peut-être l’ouverture de cette porte dans quelques instants, une éternité.

 

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Cette fois, ils firent leur apparition à deux. Un homme et une femme comme dans un film. Ces deux personnages aussi perdus que les autres avaient peine à avancer.

- Entrez, entrez, venez vous joindre à nous. Sortit Serge. Plus on est de fous plus on va rire. Parce que je crois bien qu’on va devenir fou ici.

- Et que je t’allumes et que je t’éteints. Mais où sont donc les ampoules ?

- Il n’y en a pas, dit Jean-Phi. Jean pourrait nous éclairer sans jeu de mots sur la question.

- Je ne suis pas électricien, grommela-t-il en allant se réfugier  près de Mylène.

- C’est pas tout ça ! Renchérit serge. Je me présente : Serge et vous, vers les nouveaux venus, et vous autres par la même occasion.

- Je me prénomme Michel.

- Moi aussi ! Dit la femme.

- Vous êtes frère et sœur, mari et femme, amants. Comme vous arrivez à deux. Tonna encore serge.

- Laissez les ! Ils sont aussi désemparés que nous. Moi ; c’est Jean-Phi, là c’est Mylène et à coté Jean. Vous savez pourquoi vous êtes là !

- Hé ! C’est moi qui pose les questions, ici. Vous ne saviez pas grand-chose quand je suis arrivé.

- Vous non plus ! On est tous dans le même bain, s’emporta Jean-Phi.

- Ho là, du calme ! Il faut un chef dans toute opération

 

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- Ouais ! Dites ça à un cheval de bois, vos n’arez pas d’cop d’pied !

La discussion s’arrêta là. Chacun reprit sa méditation. L’explication donnée par Jean-Phi avait fait l’effet d’un séisme dans leur tête. Et de nombreuses questions se posaient mais restaient sans réponse.

Plus tard  Jean-Phi les sortit de leur torpeur.

- Serge ! Si vous alliez de nouveau aux toilettes ! Peut-être que ….

- Pas question ! Après vous m’accuserez de tuer ces gens là. Celui qui veut y aller, y va. Un point c’est tout.

- Bon, j’y vais. Il me semble que la base de tout ce qui arrive vient de là.

Jean-Phi fit un rapide aller-retour. Il revient tenant à la main deux posters formats A3. L’un désigne un canal, avec des péniches et l’autre une voie de chemin de fer avec un train qui arrive au loin.

- A qui sont-ils destinés ? Demande-t-il. Je crois qu’il n’y a plus d’erreur possible. L’un ou l’une d’entre nous est destinataire de ces posters.

Personne ne répond. Jean-Phi pose les posters à même le sol.

- L’un de vous sait-il quelque chose à ce sujet. Répondez, faites marcher votre mémoire.

Rien ! Nul ne semblait savoir à quoi faisait allusion ces posters.

- Serge, questionne Jean-Phi, j’ai la conviction que

 

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vous êtes un policier ou un gendarme. Vous n’avez pas une idée !

- Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?

- Votre manière d’agir, vos réactions, la façon de parler aux gens, votre connaissance de l’arme. C’est sans doute pour cela que vous avez été choisi pour fourni les indices.

- Je vous l’ai déjà dit, vous dites n’importe quoi ! Mais j’ai peut-être une idée.

- Vous là madame, prenez le poster du train. Ça vous ira très bien, et vous monsieur, celui du canal.C:\Users\OMC\Desktop\Documents\Site internet\ED.OLIVIERY\extrait\lantichambre.htm

- Mais pourquoi, demandent-ils en chœur ?

- Parce que l’autre c’est un drogué, moi je suis flic ou gendarme et pas chef de gare ou éclusier et lui, après Jean-Phi, il n’a rien d’un photographe.

Voila pourquoi ! Satisfait !

Et, je serais pas étonné que …

 

De nouveau la nuit, le silence.

Au lever du jour, ils n’étaient plus que trois. Michel et Michelle avait disparu avec leur poster.

- Vous aviez vu juste, dit Daniel. C’étaient deux dépressifs qui se sont suicidés le même jour sans se connaître auparavant. L’un en se jetant dans le canal avec sa voiture et l’autre en se jetant devant le train.

- Ouais ! Bin tout ça c’est pas encourageant. Finit par reconnaître Serge qui perdait un peu de sa superbe.

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à suivre